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Pense bête
24 juillet 2017

Attaque de crabe ? (7)

Ca n'en finit jamais, j'ai à présent rendez-vous au CECOS.

C'est la question qui préoccupe tout le monde sauf moi, de l'échographe aux chirurgiens en passant par leurs assistantes, les manip radio et toutes les personnes de cet endroit jusqu'alors inconnu. Je ne me suis jamais autant rendu compte de cette injonction à la parentalité qu'aujourd'hui. Mais moi suis célibataire pour le moment, et gay, ce qui ne rend pas les choses faciles aujourd'hui donc ce n'est pas du tout ma préoccupation du moment, pas du tout. Ce qui m'intéresse (et m'inquiète) c'est plutôt ma sexualité, la sensibilité érogène de ma couille manquante, l'aspect visuel de la chose, l'effet éventuel d'un cockring... mais personne n'évoque le sujet.

Ca ne m'empêche pas de suivre les directives : "aller au CECOS", le Centre d'Etude et de Conservation des Oeufs et du Sperme humains. Et c'est vrai, on ne sait jamais. Allons conserver du sperme.

Le CECOS c'est à l'HFME (Hôpital Femme-Mère-Enfant). On m'a donné des consignes : faire faire des étiquettes (!?) puis me rendre à l'étage inférieur au fond à gauche. Au téléphone, les étiquettes, je n'ai rien compris ce que c'était et où je faisais ça. Je me renseigne en arrivant. Facile, c'est dans l'entrée : j'imprime un ticket Consultation et j'attends qu'on m'appelle... 25 minutes ! Mais j'ai finalement mon sésame "Etiquettes" qui me permet d'accéder au CECOS.

J'y arrive sans trop savoir où je mets les pieds et ce qui m'y attend (même si j'ai une petite idée). Une infirmière m'accueille pour m'enregistrer, vérifier ma sérologie (on m'a fait les prélèvements jeudi) et me guider jusqu'à un cagibi avec un lit et un évier. Les nouvelles consignes : fermer la porte à clé, laver les mains et brosser les ongles (j'ai gagné une brosse spéciale pour ça), toilette intime ("ne pas hésiter à décalotter") puis... masturbation !

C'est glauque, sans être excitant du tout. La porte est mince, il y a du bruit dans le couloir, le coeur (et le reste) n'y est pas. Fermer les yeux, s'allonger, respirer, convoquer des images... Le plus difficile est d'amorcer l'érection. Puis c'est parti, il suffit de ne plus penser à pourquoi je suis là, à ce qui arrivera demain. Et se vider dans le charmant flacon stérile en espérant qu'il y en aura assez, qu'il sera bon. Espoir étonnamment présent à l'esprit et ridicule à la fois : je n'ai aucun projet d'enfant aujourd'hui et quand bien même, je continuerai de produire des spermatozoïdes après l'opération. Je ne sais vraiment pas ce que je fais là, si ce n'est qu'on m'a inviter à y aller.

Il me faut maintenant voir le médecin, une femme en l'occurrence et qui s'appelle Giscard d'Estaing. J'avais en mémoire que c'était un nom créé par VGE, il faudra que je vérifie.* Elle passera me voir dans 20 minutes et m'invite à patienter en salle d'attente, où se trouve déjà un jeune couple.

Un homme vient me chercher au bout de 5 minutes et se présente comme psychologue. Il m'explique qu'il reçoit tous les patients qui viennent au CECOS. Souriant, avec un accent que je peine à déchiffrer, je le suis jusqu'à une pièce quasi vide (table et chaises) qui fait office de cabinet. Son nom n'est pas inscrit sur la porte (j'apprendrai plus tard qu'il s'appelle Souza, gageons qu'il est Portugais).

*Vérification faite : le nouveau patronyme fut autorisé par décret pour le père de VGE en 1922, soit 4 ans avant la naissance du futur président de la république.

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