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Pense bête
5 mars 2008

Petites pensées et "grandes" réflexions

J'ai de la chance. J'ai un travail, en CDI, plutôt bien rémunéré si on en croit les statistiques (salaire médian en 2006 selon l'INSEE : 1 555 euros nets par mois). Il y a pire comme point de départ. En plus c?est intéressant, je ne m'ennuie pas et je travaille dans une bonne ambiance.
Pour moi le débat (la réflexion) est ailleurs (Fox, si tu m'écoutes?). Pour l?instant cet emploi s'inscrit dans la droite ligne de tout ce qui a précédé (ce n'est pas non plus comme si j'avais déjà vécu énormément). Je veux parler des études. Comme beaucoup je pense, je n'ai pas vraiment choisi. Pas vraiment refusé. Une suite d'étapes logiques qui s'enchaînent, la magie des ingénieurs et des écoles d'ingés... c'est fou de se dire que la grande majorité des ingénieurs ne sont pas vraiment là par choix, y a certainement quelque chose a repensé dans tout ça ? qui nous font sortir avec un diplôme dont on n?a jamais vraiment rêvé (reprenez moi si je me trompe). Des études donc, et un emploi intéressants.
La question, pour moi, est de savoir (d'être sûr ?) s'il n'y a pas autre chose que je souhaiterai davantage. Parce que finalement, je me (on se) laisse aller (ah la fameuse facilité... elle commence à avoir bon dos) mais ça se trouve y a des tas d'autres choses (emploi, activité... je ne veux pas restreindre ça à une simple question professionnelle) qui m'intéresseraient encore davantage et pour lesquelles je pourrais me passionner.
Vient forcément parmi tout ça le choix professionnel et tout ce qu'on y met derrière. Qu'est-ce qui nous fait choisir un emploi plutôt qu'un autre ? Tient-on vraiment compte de tout ça (ou alors paf, la facilité !) ?

Quels sont mes critères ? J'en évacue un tout de suite : l'argent. Je n'arrive pas à penser le salaire comme un critère déterminant. Je ne crois pas que ce soit de l'hypocrisie ou autre chose. Peut-être parce que je n'en ai jamais vraiment manqué mais pour moi c'est assez peu important. J'en gagne largement suffisamment pour les besoins que j'ai. Alors oui, peut-être, mettre de côté. Pour qui, pour quoi ? Je n'arrive pas à me projeter dans le long terme.
Qu'est ce qui compte alors ?
L'intéressement et le plaisir qu'on y prend déjà. Ne pas se lever le matin en se disant « fait chier, faut que j'aille bosser ». C'est mon cas en ce moment et c'est un luxe non négligeable. La seule chose que je regrette c'est de ne pas avoir le temps pour d?autres choses (y a un paradoxe dans ce que je raconte ? parce que moi je n'ai pas l'impression).
De même ne pas se lever le matin en se disant « putain, je vais encore voir l'autre con, et puis je vais me faire chier tout seul ». Encore une fois, pour moi de ce côté tout va bien : une équipe jeune, dynamique, soudée, qui sait déconner quand il le faut (c'est-à-dire presque tout le temps), qui se précipite pour aider quand l?un de nous est dans la merde. C'est quand même vachement agréable.
Pour moi il y a un autre critère avec lequel j'ai énormément de mal à transiger, c'est la localisation géographique. Je n'arrive pas à m'imaginer à Paris par exemple. Trop grand, trop de monde, trop cher, trop loin des montagnes. Ce qui m'y intéresserait ce serait la culture, voir des spectacles, sortir. Mais finalement lorsque tu y travailles, tu as rarement le temps, tu es loin (géographiquement) de tout ça alors non je ne m'y vois pas du tout (ton avis Emilie ?).
Et puis il y a d'autres critères auxquels je pense.
L'utilité (je n'aime pas bien ce mot mais je n'arrive pas à en trouver d'autre pour le moment). Utilité pour soi déjà. Qu'est-ce que ça m'apporte intellectuellement ? Est-ce que ça va m'aider dans ma vie de tous les jours ? Est-ce que ça éveille mon esprit critique ? Qu'est-ce que ça m'apprend sur le monde qui nous entoure ? J'aimerais bien trouver un peu de ça dans mon travail. Et pour l'instant je dois dire que ce n?est pas vraiment le cas. En même temps ingénieur n'est peut-être pas la meilleure voie pour cela.
La valorisation. A nos propres yeux, et à ceux des autres (pas forcément la même chose). Pour moi, un métier que je trouve hyper valorisant c'est prof. Enseigner, transmettre, éveiller la curiosité et l'esprit critique? Si je ne pensais pas être aussi mauvais pédagogue, ça me plairait énormément.
Tout ça pour arriver à la conclusion que je n'ai certainement pas à me plaindre (d'ailleurs je ne me plains pas, je constate c?est tout) et que je devrais m'estimer heureux. Et je le suis, je crois.

Mais un doute subsiste. Est-ce ça que j'ai rêvé de faire ? Non, sans aucun doute.  Mais ce n'est pas en tout cas quelque chose que je n'ai pas souhaité. Le doute vient toujours de la même interrogation : « n'y a-t-il pas autre chose qui me plairait encore beaucoup plus ? » Reste plus qu'à trouver. Pour l'instant tout se résume à un problème de temps. J'ai des tas d'envies, d'idées que je voudrais réaliser et qui ne sont pas forcément compatibles avec ce que je fais en ce moment. Au hasard, en vrac et loin d'être exhaustif :
- voyager en Amérique du sud, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, des mois durant, traverser l'Afrique, faire des rencontres
- apprendre des langues
- lire, beaucoup lire
- aiguiser son esprit critique
- étudier, décrypter, comprendre ce qu'on veut choisir pour nous, ce qu'on veut nous imposer
- faire de la politique à petite échelle
- passer davantage de temps en montagne
- ...

Est-il besoin de travailler pour réaliser cela ? Dans l'immédiat pas forcément je crois.

Je vais m'arrêter là pour le moment concernant ce sur quoi je réfléchis depuis un petit bout de temps mais j'ai encore beaucoup de choses à l'esprit.

Je ne suis pas sûr d'avoir été totalement cohérent dans tout ce que je viens de dire. Tout compte fait, je crois que je pense beaucoup trop. Un jour faudra agir.


 

MàJ du 9 février, en réponse à Elise et Emilie :

"Mais ça me permet aussi de me forcer à faire qqch qui ne me plait pas forcément"
Se forcer à faire quelque chose qui ne plait pas !? Personne n'a jamais voulu ça. Je ne suis absolument pas persuadé qu'on apprend en subissant et particulièrement en subissant ce qui nous déplait.

"et ça sera toujours comme ça, il y aura toujours qqch que tu n'aimes pas"
Quelle résignation !

"et je pense que c'est un peu idéaliste que de se dire qu'il y a un métier fait pour toi, où tu n'auras rien de désagréable, où tout te plaira ..."
Oui sans doute. Et alors ? Ce n'est pas une raison pour ne pas s'efforcer à tendre vers cet "idéal". Un métier fait pour soi, sans doute pas, mais un en accord avec ses aspirations, sûrement plus.

"ça forge le caractère de se forcer"
Ça veut dire quoi se forger le caractère ? Apprendre à subir sans rechigner ce qui ne nous plait pas ? Accepter, tolérer de plus en plus les choses qui nous déplaisent et avec lesquelles nous sommes en désaccord ? Je ne sais pas ce que tu y mets derrière. En tout cas ce n'est pas après ça que je cours. On a certainement suffisamment d'occasions de subir des situations pour ne pas s'en voir infliger d'autres. Personnellement je ne suite pas en quête de ça.

"Ne faut-il pas se rêver avant de se réaliser ?"
Et après ? A partir de quand le rêve devient réalité ?
C'est sympa de rêver mais c'est quand même principalement frustrant. Le rêve comme préalable à la réalisation, je n'y vois pas d'inconvénient, à condition que le rêve ne soit justement que ce préalable et pas un rêve pour un rêve. Le désavantage du rêve c'est (à mon sens) qu'on a tendance à s'y vautrer (facilité... salope !!!) et à ne jamais en sortir.
Alors le rêve oui (c'est triste une vie sans rêve) à condition qu'il nourrisse effectivement la réalisation.
Alors à quel moment on franchit le pas ?

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