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Pense bête
2 janvier 2008

Immersion dans la bourgeoisie parisienne

Attention ! Tout ce qui se trouve dans ce récit est véridique et a été authentiquement vécu. Ames sensibles, s'abstenir !

Il fallait bien que ça m'arrive. Maintenant que je fais partie d'une élite hautement rémunérée, je me devais de passer du temps avec des gens de ma nouvelle classe sociale. C'est désormais chose faite depuis cette journée du 31 décembre 2007. Je ne pouvais rêver mieux pour cette nouvelle année.

Tout le monde a en tête des sketchs de comiques parodiant la grande bourgeoisie française (essentiellement parisienne d'ailleurs), les clichés qu'ils dégainent et qui nous font rire ; et nous qui pensons au fond qu'il ne doit y avoir qu'une infime part de vérité là-dedans. Et pourtant...

Il s'appelle Gérard. Elle, c'est Bernadette. Jusque là rien de bien original. Mariés. 2 enfants : des filles. L'aînée, Diane, déjeune avec nous dans ce restaurant d'Avoriaz. Nous sommes 7 à table. La plus jeune, Albane, n'a pas suivi la famille pour cette semaine de ski. Elle est restée en arrière, à Paris, pour s'occuper de ses chevaux (elle en a 2 je crois). Elle rejoindra la famille après le 31.

Suivent un couple d'amis : Hubert et Geneviève. Lui est comte, elle est juste là. Je ne les connais que très peu. Je me souviens avoir croisé Hubert l'année dernière. Mon père buvait une bière avec lui et je m'étais invité. La seule phrase que je me rappelle de lui ce jour-là c'est : " Ségolène ? Cette pétasse" (comme un petit côté Elkabbach aux Guignols). En rajoutant tout de suite après à mon attention (la mienne et certainement aussi celle de mon Nouvel Obs, posé sur la table) : "enfin je dis ça mais vous l'aimez peut-être bien".

Ca fait donc 5 personnes, plus mon père, et moi, qui retrouve ces anciennes connaissances après quelques années. Je les avais longtemps fréquentés, enfant, au côté de mes parents. Ce sont de très vieux clients de mon père. Aujourd'hui c'est à peine s'ils prêtent attention à moi. Une fois les courtoisies d'usage passées, je suis transparent. Qu'importe. J'observe, j'écoute et je (re)découvre puis je raconte.

Toute la petite famille habite Neuilly (sur Seine, évidemment), ce qui ne les empêchent pas d'avoir également une maison à la Baule. Jusqu'à peu ils avaient également un duplex à Avoriaz, qu'ils ont revendu il y a 6-7 ans. Les filles ont fait l'ensemble de leur scolarité à Sainte Marie de Neuilly. Quand j'étais plus petit, une "nounou", noire, en avait la charge. Elle vivait à domicile pour elles.

Lui dirige une agence de pub. Elle ne travaille pas. Diane a 22 ans. Elle rêve de devenir avocate, comme Nicolas. D'ailleurs la dernière fois que je l'ai rencontrée, elle portait sur sa veste de ski un autocollant avec sa tête (à Nicolas), et inscrit dessus : "I love Sarko". C'était la campagne présidentielle 2007.

UMP_Kisler

Depuis elle a été suspendue 1 an de la fédération UMP du XVIè arrondissement pour avoir soutenu Arnaud Teullé face au candidat UMP Jean-Christophe Fromentin aux municipales à Neuilly.

Son prénom (à Nicolas, toujours) en tout cas est sur toutes les bouches. Nous sommes le 31 décembre. Ce soir, comme tous ses prédécesseurs, il va parler à la télé. On a déjà entendu beaucoup de choses sur cette allocution. Une rupture, il paraît. Il aurait rappelé tous les membres du gouvernement pour une allocution de famille. Notre Président parlant seul à la caméra, ses assistants derrière faisant le pied de grue. Que va-t-il pouvoir annoncer ? Madame a une hypothèse :

" C'est sûr. Il va nous annoncer son mariage avec Carla en direct à la télé. Il est obligé. Et ça serait tellement bôôôôô ! De toute façon, le pouvoir d'achat il peut rien faire, y a plus de sous. Les retraites des feignants, il leur a déjà supprimées. Il lui reste plus que le mariage" (retranscription des plus fidèles).

Ô merveille de franchise et de lucidité ! C'est vrai qu'ils le connaissent bien Nicolas Sarkozy. Habitant depuis longtemps à Neuilly (92), ils ont participé à l'ensemble de ses campagnes municipales. Ils se pourraient même qu'ils fussent (waouh le subjonctif imparafait !) présents au Fouquet's le 6 mai 2007 (rien là-dessus dans le petit bouquin d'Ariane Chemin et Judith Pérignon, ça serait trop beau).

Pendant ce temps-là, les hommes ont d'autres sujets de conversation. Ils parlent chasse. Hubert, en tant que propriétaire d'un domaine, parle en connaisseur. Malheureusement, la chasse c'est comme tout : c'est plus ce que c'était. Alors il est obligé de trouver d'autres occupations. Hier il avait trouvé quelque chose de tout aussi intéressant visiblement : râler contre les SDF. Ces malheureux ont trouvé le moyen d'occuper le trottoir où son chien à l'habitude d'aller se soulager la vessie. Le voilà donc obligé d'aller plus loin pour satisfaire les besoins naturels de son chien.

Un milieu à mille lieues (mouaih...) du mien. Il est toujours intéressant de s'y confronter, au moins pour ne pas oublier que ça existe.

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