Fin de l'Obamania ?
Loin de moi l'envie de minimiser l'élection de Barack Obama mais l'obamania ambiante m'emmerde. Tous les médias s'exportent aux Etats-Unis et nous rappellent à longueur d'antenne le moment formidable que nous sommes en train de vivre. Il n'y a qu'Audrey Pulvar pour nous rappeler que le journal de France 3 a "le sens de la mesure" et qu'elle "essaie de traiter de toute l'actualité".
Tout ça pour un président que nous ne voudrions pas en France, pour un président qui affirme sa foi en Dieu, qui est favorable à la peine de mort, à la vente libre des armes et à une intervention militaire au Pakistan. Le portrait est évidemment caricatural mais à la mesure de l'engouement béat qu'il suscite en France.
De nombreux commentateurs ont bien tenté de nous faire peur avec l'effet Bradley qui allait nous montrer que les Etats-Unis était un pays raciste. Mais après tout, peut-on poser la question : y a-t-il eu un vote racial (raciste ?) des afro-américains en faveur d'Obama ?
Ne rêvons pas Barack Obama va défendre les intérêts de son pays, intérêts qui ne sont pas exactement ceux de l'Europe et encore moins de l'Afrique.
MàJ du 9/11/8
Ça fait plusieurs jours que je réfléchis sur moi-même. Pourquoi ? Parce que l'élection d'un noir à la tête des Etats-Unis ne me fait ni chaud ni froid, pas même un petit frisson. Alors oui heureux de la fin de l'administration Bush qui laisse un bilan bien médiocre : une dette faramineuse (5 600 milliards de dollars en 2001 à l'arrivée de Bush au pouvoir, 8 200 milliards en 2005, 9 400 milliards actuellement), une situation désastreuse en Afghanistan et en Irak, des inégalités effroyables, une image du pays dégradée et une crise financière qu'il a favorisée par la volonté du Tous propriétaires (ownership society).
Pas concerné par le chef de l'Etat américain ? Pas intéressé par sa couleur de peau ? Pas conscient du symbole et de ce qu'il amènera comme changements (lesquels d'ailleurs ? ça personne ne l'explique), de ce que "ça peut rapporter" ? Méconnaissance de l'histoire et de la société américaine[1] ? Peut-être simple esprit de contradiction et de méfiance face à un tel sentiment de masses ? Je n'en sais rien et ça ne m'aide pas à comprendre (et encore moins à partager) cet engouement pour Barack Obama.
Les intérêts des Etats-Unis "assez proches de ceux de beaucoup de pays" ? De la France, de l'UK et de l'Allemagne ? Oui, sans doute. Des pays de l'Est, de la Russie ? De la Chine et de l'Inde ? Du Moyen-Orient ? Attendons de voir ce qu'il projette d'envoyer au Pakistan. Du Mexique ? En promettant de fermer les frontières ?
Une théorie fantasque et absurde : et si le parti républicain avait sciemment sabré sa campagne (une petite pensée pour Sarah Palin) afin de ne pas prendre le pouvoir compte tenu de la désastreuse situation actuelle et du mandat d'autant plus difficile. Je n'y crois pas une seconde mais ça y est, je viens de comprendre la stratégie du parti socialiste.
Au final tout aussi en bordel.
[1] Prévu de lire Aux Sources de l'Amérique de Corinne Lesnes.