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Pense bête
8 juillet 2014

Europe : démocratique ?

L'Europe, cette démocratie formidable ! Le vote auxquels certains d'entre nous ont pris part du 22 au 25 mai dernier était censé représenté une grande avancée vers une Europe davantage démocratique, plus ouverte aux peuples : pour la première fois, le résultat des élections pour le parlement européen désignerait également le président de la commission européenne. Martin Schulz (pour le PSE) et Jean-Claude Juncker (pour le PPE) se tiraient la bourre pour ce poste.

Résultats des élections : 210 sièges pour le PPE et 191 pour le PSE. C'est donc logiquement Jean-Claude Juncker qui a pris la présidence de la commission... tandis que Martin Schulz a pris la présidence du parlement européen. Puisqu'on vous dit que les résultats des élections importent. Non, l'UMP et la Droite Complexée ne font pas le parti du Front National.

Et de manière générale, peut-on qualifier de démocratique une institution qui ne donne lieu à aucun débat ?

Pour Frédéric Lordon dans un entretien avec Hervé Nathan de Marianne, les traités constitutifs de l'euro ont littéralement congelé la politique économique, l'ont emprisonnée dans des rets si serrés que les peuples n'ont plus le pouvoir de choisir leur avenir, ce qui est bien l'absence de toute démocratie. On nous a spolié notre droit à la discussion, au débat, à la souveraineté populaire.

"Que le peuple souverain puisse décider et réviser à sa guise, c'est ce que les puissances qui dominent la construction européenne ne veulent à aucun prix. Il ferait beau voir que le souverain décide contre les intérêts du capital.
L'Europe a conduit à un modèle qui asservit la conduite des politiques économiques à des règles a priori, celles des traités. Mais dans politique économique il y a bien politique ! Terme qui se trouve pourtant purement et simplement annulé par réduction à une automatique de la stabilité.
La tare congénitale de l'euro se tient précisément ici : dans le fait d'avoir constitutionnalisé des contenus de politiques publiques, économique et monétaire en l'occurrence.
La démocratie consiste dans le droit irrécusable à la réversibilité, à la possibilité permanente et inconditionnelle de la remise en jeu, dans le cadre de la délibération politique ordinaire"

Cessons donc d'appeler à l'Europe et demandons-nous plutôt quels moyens nous sommes prêts à mettre en oeuvre pour construire quelle Europe.

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