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Pense bête
17 décembre 2008

Désolé, on n'a rien vu

Une banale chaine de Ponzi, le désastreux effet boule de neige, le bête principe de l'épargne pyramidale, un exemple de spéculation à la base du premier bouquin d'économie, c'est donc le nouveau objet chouchou des médias et qui réussi à mettre la finance mondiale à mal. Le phénomène, bien connu des économistes (moi y compris, c'est dire) pour avoir causé des milliers de morts en Albanie en 1997, m'est revenu aux oreilles pas plus tard que cette année (ou peut-être était-ce l'année dernière). Une très bonne amie m'avait fait part d'un système permettant à coup sûr de gagner de l'argent sans prendre aucun risque : "tu verras, il n'y a qu'à s'acquitter d'un droit d'entrée que tu récupère très rapidement, c'est génial". Elle avait eu l'information part sa mère qui faisait elle-même partie d'un cercle en Suisse.

Le système est d'illeurs interdit en France selon le Code de la Consommation article L122-6 (Livre Ier : Information des consommateurs et formation des contrats, Titre II : Pratiques commerciales, Chapitre II : Pratiques commerciales illicites, Section 3 : Ventes ou prestations "à la boule de neige") :

"Sont interdits :

1° La vente pratiquée par le procédé dit " de la boule de neige " ou tous autres procédés analogues consistant en particulier à offrir des marchandises au public en lui faisant espérer l'obtention de ces marchandises à titre gratuit ou contre remise d'une somme inférieure à leur valeur réelle et en subordonnant les ventes au placement de bons ou de tickets à des tiers ou à la collecte d'adhésions ou inscriptions ;

2° Le fait de proposer à une personne de collecter des adhésions ou de s'inscrire sur une liste en exigeant d'elle le versement d'une contrepartie quelconque et en lui faisant espérer des gains financiers résultant d'une progression du nombre de personnes recrutées ou inscrites plutôt que de la vente, de la fourniture ou de la consommation de biens ou services.

Dans le cas de réseaux de vente constitués par recrutement en chaîne d'adhérents ou d'affiliés, il est interdit d'obtenir d'un adhérent ou affilié du réseau le versement d'une somme correspondant à un droit d'entrée ou à l'acquisition de matériels ou de services à vocation pédagogique, de formation, de démonstration ou de vente ou tout autre matériel ou service analogue, lorsque ce versement conduit à un paiement ou à l'attribution d'un avantage bénéficiant à un ou plusieurs adhérents ou affiliés du réseau.

En outre, il est interdit, dans ces mêmes réseaux, d'obtenir d'un adhérent ou affilié l'acquisition d'un stock de marchandises destinées à la revente, sans garantie de reprise du stock aux conditions de l'achat, déduction faite éventuellement d'une somme n'excédant pas 10 % du prix correspondant. Cette garantie de reprise peut toutefois être limitée à une période d'un an après l'achat."

C'est donc ce principe qui est remis au goût du jour par Bernard Madoff. Ce curieux personnage, ex-patron du Nasdaq, deuxième bourse de New York[1], a avoué[2]une fraude de50 milliards de dollars.

Concert d'indignations tous le week-end.

Les autorités de régulation ont mené pas moins de 4 enquêtes sur la société de monsieur Madoff, sans trouver quelque chose à lui reprocher, alors que l'arnaque en cours était d'une remarquable banalité, puisqu'il s'agissait d'une chaîne de Ponzi. Accroître les pouvoirs des régulateus proposent certains. Ce serait bien le moins. Ou alors peut-être faut-il complètement repenser le système...

[1]Au passage j'apprends qu'on peut être patron d'une bourse. On a donc un patron de Wall Street, un patron de la Bourse de Paris ? Va falloir que je me renseigne, ça m'intrigue tout ça.

[2]Au début j'ai trouvé ça louche ce "a avoué". Je ne comprenais pas vraiment ce que ça recouvrait. Avoué sous la torture ? Avoué après des mois d'enquêtes sur ses combines ? Avoué parce que balancé par un copain ? Mais non, il semble finalement que Bernard Madoff ait eu des scrupule, le petit ange de l'épaule droite a eu raison du petit démon de l'épaule gauche.

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