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Pense bête
10 novembre 2008

Ca va mal finir

Leotard

La 4ème de couverture annonce le ton : "J'ai voté Nicolas Sarkozy mais je dors mal depuis". C'est François Léotard qui nous le dit. Léotard, moi, ça ne me dit pas grand chose. Ca me rappelle bien 2-3 trucs comme ceux-là : ministre de la culture, soutien de Balladur, acteur de la privatisation de TF1... mais ses idées ? De droite bien sûr, mais en détail... bien incapable de le dire.

Qu'est ce qui pousse un homme de droite, co-soutien de Balladur, à balancer sur Notre Président ?

Dès le lendemain on ne fut pas déçu : la retraite monastique bercée par le clair de lune sur un scénario de Fitzgerald, le clapotis des flots au large de Malte, puis aussitôt après le déferlement des milliardaires, la chasse aux nigauds baptisée modestement "ouverture", les infirmières bulgares, le drapeau tricolore relooké par Prada, les intermittences du cœur sous les ombrages de la Lanterne, un gouvernement tétanisé par les engueulades, les escapades à Saint-Tropez, enfin les bien-aimés du pouvoir, le gratin du Bottin mondial : Chavez, El-Assad, Kadhafi, Poutine... les cancres du passage en terminale de la démocratie. Je commençais, petit à petit, à bouffer mon bulletin de vote. [...]

Prenons l'exemple de ses rapports avec la police. Ils ont séduit une droite qui ne plaisante pas avec ces choses-là, ils ont alimenté ses nombreux discours, et sans doute, comme pour tous les enfants, marqué son parcours. Voilà une institution qu'il aime. Il s'y plaît. [...] Sarkozy ne parle pas de la police. Il est la police. Il est l'ordre. L'ordre seulement, mais l'ordre complètement. Sa doctrine est faite : les loubards des banlieues n'ont pas de problèmes sociaux, ni de logement, ni de culture, ni d'emploi. Les pédophiles n'entrent pas dans la catégorie de l'acquis mais dans celle de l'inné, les récidivistes que la prison a largement amochés doivent y retourner le plus vite possible. Ils ont été jugés ? Aucune importance. Pour le même délit, déjà purgé, on va inventer 'un suivi' en milieu fermé, c'est-à-dire une deuxième prison qui s'ajoute à la première, mais sans jugement. A quoi bon ? C'est l'Etat qui doit décider, c'est-à-dire l'exécutif, c'est-à dire la police. Il semble que notre président n'ait lu ni Tocqueville, ni Montesquieu, ni Benjamin Constant, il semble que la séparation des pouvoirs lui soit une énigme. Si l'on rend la justice Place-Beauvau, ce sera plus rapide. Et surtout plus près de l'Elysée. [...]

Depuis que tu es à l'Elysée je suis inquiet. Qu'est-ce qui t'a pris exactement ? Je lis dans un journal que désormais la police française arrête des enfants... J'ai suivi avec consternation le morceau de Grand-Guignol qui t'a mis dans les bras de Kadhafi... J'apprends que tu as une «plume» qui te fait dire des bêtises... Il paraît que tu n'écoutes plus ceux qui t'entourent... [...] Et puis ces histoires d'ADN pour le regroupement familial, ce n'est pas toi ! Tu t'es fait déborder par quelques malades de l'UMP Des frénétiques... [...]
Tu as eu raison de citer Guy Môquet. Cette jeunesse-là, intacte et fervente, qui s'abat d'un seul coup, laissant derrière elle le grand silence du courage, cette jeunesse-là, elle est belle et sans doute plus belle que la nôtre... J'aurais aimé qu'à côté de Guy Môquet tu cites Aragon, celui de 'l'Affiche rouge'. Parce qu'il parle de Manouchian et que le poème d'Aragon est lové dans l'écriture de la dernière lettre du futur fusillé. Pourquoi dis-je cela ? Parce que ces étrangers "mais nos frères pourtant" ont davantage honoré la France que ces "bons Français" qui tranquillement la salissaient à Vichy. Parce que ce sont souvent des étrangers qui ont aimé notre pays plus que nous ne l'avons fait. Parce qu'ils portaient "des noms difficiles à prononcer", parce qu'ils considéraient que peut-être dans le mot France il y avait un désir de droit et - qui sait - une résistance cachée.

Parfois plus fiction que récit (toute la fin de la 2ème partie est une pièce de théâtre imaginée entre la Cassandre de la mythologie et le Sarkozy de 2015), je laisse chacun juge du fond des propos. Le livre est celui d'un auteur cultivé qui aime à renforcer son propos de références. Il y dénonce le Sarkozy bling-bling et oublieux des valeurs et des principes de la France. Rapide à lire et instuctif, j'ai beaucoup aimé le style del'homme mais je peine tout de même à croire que François Léotard découvre le personnage depuis le 6 mai 2007.

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Commentaires
L
"Qu'il soit le couronné parce qu'il est le pire ; <br /> Le maître des fronts plats et des coeurs abrutis ; <br /> Que son sénat décerne à sa race l'empire, <br /> S'il trouve une femelle et s'il a des petits ;" victor hugo les chatiments
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S
"Parce que ce sont souvent des étrangers qui ont aimé notre pays plus que nous ne l'avons fait."<br /> <br /> C'est beau...
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